Nous nous souviendrons de feu Avraham Kedar – conducteur de travaux – fondateur de la société Kedar Mivnim.

Né en Hongrie, rescapé de l’Holocauste, il a immigré en Israël en 1948 sans aucunes ressources.
Sioniste dans l’âme, pionnier, il a établi sa demeure en Terre d’Israël et par la suite, a construit beaucoup d’autres maisons et bâtiments.

Voici la nécrologie de Tal Kedar, son petit-fils :

« Le soldat numéro un »

Grand-père – je suis ton premier soldat.

Il y a six mois, tu m’as convoqué dans ton bureau. « Tal – je veux organiser une cérémonie pour la société et tous les employés qui étaient à mes côtés tout au long du parcours. »

Une demande assez étrange étant donné que tu n’as même pas souhaité que nous fêtions tes 90 ans.
Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute – je suis allé vérifier des dizaines d’endroits, Raanana, Kfar Saba, Netanya, Tel Aviv, Yehud, puis je suis retourné te voir avec les résultats de mes recherches.
« Je veux à Kedar Center » – as-tu déclaré.
Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute – j’ai conclu avec la salle de Kedar, le parking recouvert de gazon, les tables, le traiteur, l’éclairage, le disc-jockey, l’animateur et le banquet a été fixé pour aujourd’hui, 29.6.16. Ironie du sort, c’est ce jour-là que nous allons nous séparer de toi.
Puis tu m’as appelé : « Tal – il faut que ce soit un banquet honorable, je ne veux pas que l’on y dise des sottises. »

Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute. J’ai étudié tout le mois dernier l’histoire de ta vie, soir après soir jusqu’aux petites heures de la nuit, j’ai réuni des photographies de toutes les périodes pour te faire honneur, depuis ta naissance en Hongrie, sur le fait que l’on ne t’a pas permis d’étudier ce que tu voulais – le droit – simplement parce que tu es juif et que c’est ainsi que tu as acquis le métier qui t’accompagnera toute ta vie – la ferronnerie. L’évasion du camp de travail, la remise à la Gestapo, l’arrestation et la prison où tu as souffert d’épuisement et de la faim jusqu’au jour de ta libération. Ton adhésion au mouvement « Dror Habonim » où tu as connu grand-mère « Hedi » … tu étais un fervent sioniste et bien évidemment, ta décision d’immigrer en Terre d’Israël.

 Malheureusement, vous avez été contraints de retourner dans la honte à Chypre parce que les Britanniques empêchaient l’entrée en Israël. Tu as eu Ouri à Chypre et le poste d’agent de sécurité du camp, poste qui a mis ta vie en danger….
Tu as été introduit clandestinement en Israël dans un bateau de seulement 5 passagers, juste vêtu d’un maillot, sans aucun bien ni affaires personnelles, tu as attendu Ouri et Hedi au kibboutz Maoz Haïm. Puis tu as décidé de t’établir dans la colonie de Raanana, dans le complexe du kibboutz des Hongrois de la rue Yehuda Halevy et tu as implanté ta première cabane de ferronnier.

Les périodes d’austérité et les années difficiles, tu as pris en location la piscine Maccabi dont l’explosion d’une canalisation t’a fait perdre toutes tes économies et le pire pour toi, l’incendie de ta cabane de ferronnier dû à une erreur accidentelle d’un de tes ouvriers qui t’a laissé à nouveau sans aucunes ressources, mais ce n’est pas ce qui va t’abattre grand-père.
Cet incendie a apporté sa part de chance, c’est grâce à lui que tu as acquis le terrain de Kedar Center dans la zone industrielle, là où tu as installé ton atelier, tu as appelé ta première société « Ouron », du nom de tes fils Ouri et Roni.
Le processus de la création de la société Kedar et la production de milliers de bâtiments préfabriqués qui ont fait de Kedar le synonyme de l’excellence dans tout le pays (je t’avouerai que j’ai même obtenu la photo du campement que vous avez construit dans le nord).

Puis tu m’as de nouveau appelé dans ton bureau : « Tal – si tu fais monter des employés…qu’ils disent des choses intéressantes et non des âneries, que les gens ne s’ennuient surtout pas. »
Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute. Nous avons eu un entretien avec tous les employés, nous avons écouté les histoires, tous ont chanté tes louanges et ton mérite, ils ont évoqué leur impression de faire partie de la famille, ta bienveillance à leur égard dans les bons moments comme dans les périodes plus difficiles, mais aussi que tu avais dû prendre la décision de remplacer les préfabriqués par la construction de logements, tu as pris soin avec Ouri et Roni de donner du travail à tout le monde, personne n’est resté sans emploi…


Je sais que je t’ai rendu très fier, je peux raconter qu’au cours des 5-6 dernières années, nous nous rendions sur des projets une fois par mois, c’était un moment précieux pour toi et pour moi.

Tu étais aussi tranchant qu’une lame de rasoir, te renseignant sur chaque projet en faisant des remarques pendant le trajet : « cette secrétaire s’habille bien » « celle qui est enceinte… tu t’es déjà trouvé un costume ? » « Garde un œil sur celui-là », même à 93 ans, rien ne t’échappait.
Il y a quinze jours, pour notre dernière visite, je t’ai demandé : « Par où on commence ? » tu m’as répondu Neve Zemer… tu voulais vérifier l’évolution des travaux car le mois précédent, tu avais participé à la pose de la première pierre du projet.

Je t’ai aussi emmené faire le tour de tous nos futurs projets. Permets-moi de raconter ici à toutes les personnes présentes que pendant les 15 premières minutes de chaque visite, tu avais l’habitude de me faire peur :
« Tal la situation n’est pas bonne », « Tal nous sommes en récession », « Tal les taux d’intérêt vont augmenter », « Tal les taux d’intérêt vont baisser », et ainsi de suite… mais lorsque nous arrivions dans le vif du sujet, je te demandais : « Grand-père – c’est un gros projet – on le prend ou pas ? » Tu répondais toujours par un oui catégorique. Parce qu’un entrepreneur restera toujours un entrepreneur, l’optimisme fait partie intégrante de l’entrepreneuriat, même à 93 ans.

Jeudi dernier, tu m’as encore appelé : « Tal, je veux rencontrer l’animateur de la cérémonie. » Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute. On a convenu pour dimanche à 11 heures.

Il y a trois jours, tu étais encore en pleine forme et je t’ai dit : Grand-père, voici Yohav l’animateur. »

Et toi : « Dis-moi Yohav, tu comptes te raser pour la cérémonie ? »

Yohav : « Tu veux que je me rase ? … »

Et toi : « Oui … »

Yohav : « Aucun problème, je viendrai rasé. »

Toi : « Ecoute Yohav, si tu as l’intention d’être le clown de la soirée et de retenir toute l’attention, je me lève et je m’en vais … »

Yohav : « Pas du tout, ce sera respectueux… »

et c’est ainsi que la rencontre prit fin et moi, je riais en silence, Yohav ne te connais pas, comme tout Kedar qui se respecte, tu es dur à l’extérieur et doux à l’intérieur, quand je suis sorti tu m’as lancé un petit clin d’œil…

Avant-hier, lundi, Morgy m’a téléphoné, grand-père ne se sent pas bien, on se rend à l’hôpital… je suis arrivé à l’hôpital et je t’ai vu… on m’a raconté que tu étais parti à l’hôpital avec l’invitation de la cérémonie pour qu’on te laisse sortir…tu étais déterminé et je t’ai dit, « Grand-père ne t’en fais pas, j’ai reporté la cérémonie à dimanche, tu sortiras d’ici avec des forces. » Tu m’as dit « je l’espère » … je t’ai alors répondu « Au pire, on la reportera encore… jusqu’à ce que tu ailles mieux, je savais à quel point tu souhaitais y participer.

Hier après-midi, quand je t’ai vu inconscient, je t’ai dit : « Grand-père, tu n’as pas besoin de venir à la cérémonie, je l’ai annulée, tu peux te reposer sereinement. » Un court instant tu as ouvert les yeux et j’ai vu que tu avais compris…

En rentrant chez moi, je n’ai fait que prier pour que cela se termine au plus vite et que tu ne souffres pas, je te connais, tu n’aurais pas supporté l’idée d’être hors de contrôle, apparemment j’ai été entendu de là-haut car au bout de 10 minutes, papa m’a téléphoné pour m’annoncer que c’était terminé.

Alors mon très cher grand-père, en tant que soldat numéro un et ton premier admirateur, je peux te promettre que tu as laissé ici un soldat fort qui connais parfaitement les dessous du combat.

Ne t’inquiète pas pour nous, nous nous débrouillerons, tu peux être certain que j’agiterai avec fierté et génie le drapeau de ton héritage sur chaque sommet ou montagne que je conquerrai.

Nous tous ainsi que toute la famille, transmettrons ton héritage aux générations suivantes, car tu le mérites, un tel parcours de vie vaut bien 4 générations toutes entières.

Et à présent, il est temps de prendre du repos.

Alors en tant que ton soldat numéro un…je te salue.

 Je t’aime grand-père.

Nous nous souviendrons de feu Avraham Kedar – conducteur de travaux – fondateur de la société Kedar Mivnim.

Né en Hongrie, rescapé de l’Holocauste, il a immigré en Israël en 1948 sans aucunes ressources.
Sioniste dans l’âme, pionnier, il a établi sa demeure en Terre d’Israël et par la suite, a construit beaucoup d’autres maisons et bâtiments.

Voici la nécrologie de Tal Kedar, son petit-fils :

« Le soldat numéro un »

Grand-père – je suis ton premier soldat.

Il y a six mois, tu m’as convoqué dans ton bureau. « Tal – je veux organiser une cérémonie pour la société et tous les employés qui étaient à mes côtés tout au long du parcours. »

Une demande assez étrange étant donné que tu n’as même pas souhaité que nous fêtions tes 90 ans.
Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute – je suis allé vérifier des dizaines d’endroits, Raanana, Kfar Saba, Netanya, Tel Aviv, Yehud, puis je suis retourné te voir avec les résultats de mes recherches.
« Je veux à Kedar Center » – as-tu déclaré.
Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute – j’ai conclu avec la salle de Kedar, le parking recouvert de gazon, les tables, le traiteur, l’éclairage, le disc-jockey, l’animateur et le banquet a été fixé pour aujourd’hui, 29.6.16. Ironie du sort, c’est ce jour-là que nous allons nous séparer de toi.
Puis tu m’as appelé : « Tal – il faut que ce soit un banquet honorable, je ne veux pas que l’on y dise des sottises. »

Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute. J’ai étudié tout le mois dernier l’histoire de ta vie, soir après soir jusqu’aux petites heures de la nuit, j’ai réuni des photographies de toutes les périodes pour te faire honneur, depuis ta naissance en Hongrie, sur le fait que l’on ne t’a pas permis d’étudier ce que tu voulais – le droit – simplement parce que tu es juif et que c’est ainsi que tu as acquis le métier qui t’accompagnera toute ta vie – la ferronnerie. L’évasion du camp de travail, la remise à la Gestapo, l’arrestation et la prison où tu as souffert d’épuisement et de la faim jusqu’au jour de ta libération. Ton adhésion au mouvement « Dror Habonim » où tu as connu grand-mère « Hedi » … tu étais un fervent sioniste et bien évidemment, ta décision d’immigrer en Terre d’Israël.

Malheureusement, vous avez été contraints de retourner dans la honte à Chypre parce que les Britanniques empêchaient l’entrée en Israël. Tu as eu Ouri à Chypre et le poste d’agent de sécurité du camp, poste qui a mis ta vie en danger….
Tu as été introduit clandestinement en Israël dans un bateau de seulement 5 passagers, juste vêtu d’un maillot, sans aucun bien ni affaires personnelles, tu as attendu Ouri et Hedi au kibboutz Maoz Haïm. Puis tu as décidé de t’établir dans la colonie de Raanana, dans le complexe du kibboutz des Hongrois de la rue Yehuda Halevy et tu as implanté ta première cabane de ferronnier.

Les périodes d’austérité et les années difficiles, tu as pris en location la piscine Maccabi dont l’explosion d’une canalisation t’a fait perdre toutes tes économies et le pire pour toi, l’incendie de ta cabane de ferronnier dû à une erreur accidentelle d’un de tes ouvriers qui t’a laissé à nouveau sans aucunes ressources, mais ce n’est pas ce qui va t’abattre grand-père.
Cet incendie a apporté sa part de chance, c’est grâce à lui que tu as acquis le terrain de Kedar Center dans la zone industrielle, là où tu as installé ton atelier, tu as appelé ta première société « Ouron », du nom de tes fils Ouri et Roni.
Le processus de la création de la société Kedar et la production de milliers de bâtiments préfabriqués qui ont fait de Kedar le synonyme de l’excellence dans tout le pays (je t’avouerai que j’ai même obtenu la photo du campement que vous avez construit dans le nord).

Puis tu m’as de nouveau appelé dans ton bureau : « Tal – si tu fais monter des employés…qu’ils disent des choses intéressantes et non des âneries, que les gens ne s’ennuient surtout pas. »
Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute. Nous avons eu un entretien avec tous les employés, nous avons écouté les histoires, tous ont chanté tes louanges et ton mérite, ils ont évoqué leur impression de faire partie de la famille, ta bienveillance à leur égard dans les bons moments comme dans les périodes plus difficiles, mais aussi que tu avais dû prendre la décision de remplacer les préfabriqués par la construction de logements, tu as pris soin avec Ouri et Roni de donner du travail à tout le monde, personne n’est resté sans emploi…

Quelques jours plus tard, tu m’as rappelé : « Tal – pendant la cérémonie, tu peux te mettre un peu en valeur, sois fier de ce que tu entreprends, qu’ils se rendent compte de tes actions ». Une phrase qui ne te ressemble pas car tu es la personne la plus modeste que je connaisse.
Je sais que je t’ai rendu très fier, je peux raconter qu’au cours des 5-6 dernières années, nous nous rendions sur des projets une fois par mois, c’était un moment précieux pour toi et pour moi.

Tu étais aussi tranchant qu’une lame de rasoir, te renseignant sur chaque projet en faisant des remarques pendant le trajet : « cette secrétaire s’habille bien » « celle qui est enceinte… tu t’es déjà trouvé un costume ? » « Garde un œil sur celui-là », même à 93 ans, rien ne t’échappait.

Il y a quinze jours, pour notre dernière visite, je t’ai demandé : « Par où on commence ? » tu m’as répondu Neve Zemer… tu voulais vérifier l’évolution des travaux car le mois précédent, tu avais participé à la pose de la première pierre du projet.
Je t’ai aussi emmené faire le tour de tous nos futurs projets. Permets-moi de raconter ici à toutes les personnes présentes que pendant les 15 premières minutes de chaque visite, tu avais l’habitude de me faire peur :
« Tal la situation n’est pas bonne », « Tal nous sommes en récession », « Tal les taux d’intérêt vont augmenter », « Tal les taux d’intérêt vont baisser », et ainsi de suite… mais lorsque nous arrivions dans le vif du sujet, je te demandais : « Grand-père – c’est un gros projet – on le prend ou pas ? » Tu répondais toujours par un oui catégorique. Parce qu’un entrepreneur restera toujours un entrepreneur, l’optimisme fait partie intégrante de l’entrepreneuriat, même à 93 ans.

Jeudi dernier, tu m’as encore appelé : « Tal, je veux rencontrer l’animateur de la cérémonie. » Et moi, en ma qualité de soldat numéro un – j’exécute. On a convenu pour dimanche à 11 heures.

Il y a trois jours, tu étais encore en pleine forme et je t’ai dit : Grand-père, voici Yohav l’animateur. »

Et toi : « Dis-moi Yohav, tu comptes te raser pour la cérémonie ? »

Yohav : « Tu veux que je me rase ? … »

Et toi : « Oui … »

Yohav : « Aucun problème, je viendrai rasé. »

Toi : « Ecoute Yohav, si tu as l’intention d’être le clown de la soirée et de retenir toute l’attention, je me lève et je m’en vais … »

Yohav : « Pas du tout, ce sera respectueux… »

et c’est ainsi que la rencontre prit fin et moi, je riais en silence, Yohav ne te connais pas, comme tout Kedar qui se respecte, tu es dur à l’extérieur et doux à l’intérieur, quand je suis sorti tu m’as lancé un petit clin d’œil…

Avant-hier, lundi, Morgy m’a téléphoné, grand-père ne se sent pas bien, on se rend à l’hôpital… je suis arrivé à l’hôpital et je t’ai vu… on m’a raconté que tu étais parti à l’hôpital avec l’invitation de la cérémonie pour qu’on te laisse sortir…tu étais déterminé et je t’ai dit, « Grand-père ne t’en fais pas, j’ai reporté la cérémonie à dimanche, tu sortiras d’ici avec des forces. » Tu m’as dit « je l’espère » … je t’ai alors répondu « Au pire, on la reportera encore… jusqu’à ce que tu ailles mieux, je savais à quel point tu souhaitais y participer.

Hier après-midi, quand je t’ai vu inconscient, je t’ai dit : « Grand-père, tu n’as pas besoin de venir à la cérémonie, je l’ai annulée, tu peux te reposer sereinement. » Un court instant tu as ouvert les yeux et j’ai vu que tu avais compris…

En rentrant chez moi, je n’ai fait que prier pour que cela se termine au plus vite et que tu ne souffres pas, je te connais, tu n’aurais pas supporté l’idée d’être hors de contrôle, apparemment j’ai été entendu de là-haut car au bout de 10 minutes, papa m’a téléphoné pour m’annoncer que c’était terminé.

Alors mon très cher grand-père, en tant que soldat numéro un et ton premier admirateur, je peux te promettre que tu as laissé ici un soldat fort qui connais parfaitement les dessous du combat.

Ne t’inquiète pas pour nous, nous nous débrouillerons, tu peux être certain que j’agiterai avec fierté et génie le drapeau de ton héritage sur chaque sommet ou montagne que je conquerrai.

Nous tous ainsi que toute la famille, transmettrons ton héritage aux générations suivantes, car tu le mérites, un tel parcours de vie vaut bien 4 générations toutes entières.

Et à présent, il est temps de prendre du repos.

Alors en tant que ton soldat numéro un…je te salue.

Je t’aime grand-père.